Introduction : Bienvenue à la série The Energy Shift, un ensemble de balados mettant l’accent sur le contexte énergétique en évolution rapide avec les animateurs Luisa Fuentes et James Wright.

James Wright : Bonjour à tous et bienvenue à The Energy Shift. Luisa, comment se passe votre semaine?

Luisa Fuentes : Pas mal, James. Je reviens tout juste d’Aruba, sans qu’il n’y ait eu aucun ouragan, je n’ai donc aucune raison de me plaindre!

James Wright : Excellent. Quant à moi, j’ai pris de l’altitude. Je suis dans la belle région montagneuse du Colorado. Si je perds ma voix, c’est parce que ma gorge s’ajuste aux 10 000 pieds d’altitude. Nous avons préparé pour aujourd’hui un excellent épisode sur la transférabilité des crédits d’impôt. Pour commencer, je vais citer Ray, notre invité de la semaine dernière, qui a fait une excellente observation à ce sujet. Il a déclaré qu’on ne soulignerait jamais assez l’importance de l’annonce d’aujourd’hui pour le marché de l’énergie propre, suite à la publication des directives finales du Trésor des États-Unis sur le transfert des crédits d’impôt plus tôt cette année.

Luisa Fuentes : Dans le secteur bancaire, nous sommes certainement du même avis que Ray. Ces directives ont déjà entraîné des changements importants dans les modes de financement des projets d’énergie renouvelable et de transition énergétique aux États-Unis. Les directives du Trésor américain ont grandement attiré l’attention, et nous avons beaucoup de points à soulever à ce sujet. En tant que banque, nous nous concentrons sur la façon dont nous pouvons maintenant aider les promoteurs à accéder aux marchés des crédits d’impôt.

James Wright : Exactement. Voilà pourquoi nous avons décidé d’accueillir aujourd’hui deux invités qui ont d’excellents points de vue sur ces questions. Nous avons ici avec nous un promoteur très actif sur le marché du financement de projets et un avocat spécialisé dans la négociation et la conclusion de ces ententes. Sur ce, j’ai le plaisir de vous présenter deux personnalités très connues dans notre secteur, que je connais personnellement depuis de nombreuses années. Brian Callaway et Mike Duff! Brian est le chef des finances de Copia Power, une société de portefeuille de Carlyle. Mike est associé principal à Milbank et dirige les affaires liées à l’énergie renouvelable aux États-Unis. Il est également une sorte de célébrité du domaine juridique de notre secteur et a joué un rôle déterminant dans la fiscalité du marché étendu des actions depuis ses débuts au début des années 2000. Bonjour, messieurs, et bienvenue à l’émission.

Mike Duff : Bonjour!

Luisa Fuentes : Mike, je vais commencer par vous. Vos clients sont principalement des investisseurs ou des acheteurs de ces crédits d’impôt. Comment avez-vous réagi à cette annonce? Avez-vous été surpris? Vous y attendiez-vous? Ou avez-vous été déçu de quelque manière que ce soit par la façon dont ce marché s’est ouvert depuis l’annonce des directives finales du Trésor?

Mike Duff : Je suis d’accord avec le commentaire précédent de Ray sur le fait que l’adoption de la transférabilité dans ce marché a changé de manière révolutionnaire les possibilités de financement des projets d’énergie renouvelable. Avant l’IRA, comme vous le savez, le financement de ces projets et la monétisation des crédits d’impôt ne se faisaient que par l’intermédiaire de partenariats de participation fiscale très complexes. La transférabilité a ouvert le marché à un certain nombre de parties fiscalement avantageuses qui, pour plusieurs raisons, n’étaient pas ouvertes au placement dans des actions dans une position à long terme ou ne voulaient pas le faire afin de monétiser les avantages. D’une part, je suis donc très surpris par le volume que nous observons, surtout pour le deuxième semestre de cette année. Nous prévoyons un deuxième semestre marqué par de grands volumes sur ce marché. Je m’attendais à ce que cela se produise dans un an environ. Mais nous observons déjà une hausse importante. Nous travaillons actuellement sur probablement plus d’une douzaine d’opérations de transfert. Un aspect qui ne me surprend pas est celui des défis. Il faut à la fois éduquer les nouveaux arrivants et les anciens acteurs du secteur aux nouvelles structures envisagées en matière de transférabilité. Comme chaque nouveauté, elles poseront des défis en ce qui a trait à la négociation de dispositions commerciales avec des personnes comme Brian, ou aux transferts entre les investisseurs traditionnels en équité fiscale et les acheteurs potentiels. Il y aura toujours un défi et un obstacle initial lié à l’apprentissage, en quelque sorte. Cela ne m’a donc pas surpris. Je pense que certains de ces défis s’atténueront au fur et à mesure de la croissance du secteur et de la formation d’un consensus du marché au cours des prochains mois et des prochaines années.

Luisa Fuentes : Merci, Mike. Brian, de retour à vous. Mike a qualifié ce changement de révolutionnaire. Du côté des promoteurs, comment a-t-il transformé la façon dont vous évaluez avec votre comité de placement les options de financement pour de nouvelles occasions de développement?

Brian Callaway : Avant de répondre à toutes ces questions, je souhaiterais exprimer ma reconnaissance pour leur soutien à tous mes amis et membres de ma famille dans le domaine de l’équité fiscale, traditionnelle ou autre. J’en ai beaucoup. J’espère n’offenser personne. Pour faire court, s’agit-il d’un changement révolutionnaire? Oui, de toute évidence. Ça a changé la donne. En tant que commanditaire principal d’une plateforme de transition énergétique, nous visons des projets à très grande échelle, à un milliard de dollars ou plus. Nous devons donc mettre l’accent sur la croissance de notre entreprise et la qualité de notre exécution. La transférabilité nous a vraiment permis, à moi et à mon équipe, de nous concentrer davantage sur les risques liés aux prises fermes d’actions et, du moins, et je le dis avec une bonne intention, sur les prises fermes de résultat de financement où la profondeur du marché reste toujours incertaine. Nous nous concentrons davantage sur notre tolérance au risque et nos optimisations, et un peu moins sur la combinaison très nuancée de l’appétit des investisseurs lorsque nous combinons trois ou quatre saveurs de capital sur une période de 10 ans et plus. C’est une optimisation extrêmement difficile. Au vu de la croissance du secteur et de la demande correspondante du marché pour l’équité fiscale, nous prévoyons une croissance d’environ 20 milliards de dollars par année en 2022-2023, et de 80-90 milliards de dollars dans trois ou quatre ans. Afin d’y arriver, il sera essentiel de réussir à rassembler les acteurs et de faire se concentrer les promoteurs sur la croissance et les objectifs, en se souciant moins des contraintes de capital du moindre dénominateur commun. Cela dit, de façon générale, à Copia, nous apprécions les profils de risque généraux des projets de crédit qui, lorsqu’ils sont jumelés à notre équipe, sont plutôt souhaitables pour toutes les saveurs de capital, y compris les acteurs au profil se rapprochant plus de l’équité fiscale traditionnelle des grandes banques. Cela nous donne accès à une monétisation fiscale plus efficace. Mais la protection contre les baisses qu’offre la transférabilité dans le contexte de nos prises fermes est vraiment inestimable. Nous le savions déjà fondamentalement.

James Wright : Excellent, merci, Brian. Passons rapidement à la diligence. Mike, je me dirige à nouveau à vous. Ce marché est encore assez nouveau, comme vous l’avez dit. Quelles tendances avez-vous observées du côté des acheteurs de ces crédits, en ce qui a trait aux éléments sur lesquels ils concentrent leur diligence alors qu’ils se familiarisent avec ce marché? Par exemple, je suppose qu’il y a des différences clés quant à la façon dont ils abordent la diligence à l’égard du crédit d’impôt à la production et à l’égard du crédit d’impôt à l’investissement. Vous pourriez peut-être nous en dire plus à ce sujet.

Mike Duff : James, voici la partie du balado où nous perdons la moitié de l’auditoire.

James Wright : (Rires) Restons généraux.

Mike Duff : (Rires) Oui, d’une manière générale, pour la transférabilité, la diligence juridique sera beaucoup plus limitée qu’avec une opération d’équité fiscale typique. Dans les opérations d’équité fiscale, l’investisseur en actions fiscales se concentre non seulement sur les aspects fiscaux et les qualifications du projet sous-jacent, mais aussi sur l’exploitation commerciale, la transmission, les préoccupations liées à la base et la qualité du crédit des acheteurs, car une partie du retour obtenu par cet investisseur provient des distributions en espèces issues de l’exploitation. Alors que sur le marché des transferts, pour l’acheteur, le crédit est vraiment axé uniquement sur l’admissibilité fiscale de l’actif sous-jacent et sous la garantie que les crédits peuvent être transférés. Du point de vue fiscal, la diligence s’apparentera de près à celle appliquée à une opération d’équité fiscale. Mais du point de vue commercial, la diligence sera moindre. Ensuite, la grande différence entre le crédit d’impôt à l’investissement et le crédit d’impôt à la production (et il y a plusieurs crédits d’impôt à la production, certaines technologies y sont admissibles), comme beaucoup le savent, c’est l’augmentation de l’assiette et le montant du crédit d’impôt à l’investissement. Encore une fois, du point de vue fiscal, la diligence sera semblable à celle appliquée à une opération d’équité fiscale pour laquelle vous aurez besoin d’une évaluation et d’une réduction de coûts. Vous devrez contrôler cela. Vous vous assurerez que la majoration du développeur qui est admissible au crédit d’impôt à l’investissement est acceptable pour les personnes. Souvent, avec le crédit d’impôt à l’investissement, il y a aussi un produit d’assurance protégeant les représentants qui sont nommés. Il s’agit évidemment d’un élément faisant l’objet d’un accord qui serait également contrôlé par les acheteurs. Ils seraient un tiers bénéficiaire de cette police.

James Wright : Excellent. Bien expliqué, Mike. C’était un excellent point général sur les défis en ce qui concerne la diligence. Brian, j’aimerais savoir ce que vous en pensez. Comme vous venez de le dire, vous vous concentrez sur des projets à très grande échelle et les ententes traditionnelles de partenariat d’équité fiscale revêtent toujours une importance capitale pour votre entreprise. Mais je suppose que certains investisseurs préfèrent maintenant la transférabilité à certains de ces partenariats, afin de mieux gérer leur situation fiscale en aval. Cela a-t-il changé votre façon d’envisager tous ces partenariats et la diligence de votre équipe à leur égard?

Brian Callaway : En un mot, James : oui. Cela a changé notre façon d’évaluer les personnes qui soumissionnent pour nos actifs ou nos opérations. Nous pourrions dire que nous tenons compte de deux ensembles ou points à examiner, surtout dans le cas de personnes qui veulent transférer une partie ou la totalité des crédits au final. Le premier porte sur la prise ferme. Lors des discussions initiales relatives à l’entente, quels prix plancher un investisseur accepte-t-il par rapport à ses propres livres ou transferts? Quelle portion des crédits demeurera réellement entièrement évaluée dans ses livres par rapport aux crédits transférés à l’extérieur? Je suppose que c’est évidemment une question de rendement, etc. Et ensuite, on passe en quelque sorte du premier point au second, en commençant à réfléchir au processus de transfert : de quelle souplesse l’investisseur fiscal disposera-t-il? Pour des opérations aussi importantes, à quoi ressemble une structure de partage du risque relativement complexe entre l’investisseur en actions fiscales et le promoteur? Nous prenons en considération des éléments, en dehors du pourcentage d’assurance transféré, tels que le partage des avantages, l’indemnisation, l’adossement ou non. C’est compliqué, car franchement, nous voulons soutenir nos investisseurs fiscaux, surtout à cette échelle, alors qu’ils participent de façon importante au développement du marché des transferts. Toutefois, il est essentiel pour nous de tenir compte de la façon dont un investisseur peut gérer des éléments parfois contradictoires, tels que la proportion de mon bilan ou du bilan de tout promoteur, ou le nombre de mes représentants ou de mes garanties et clauses financières qu’il peut utiliser efficacement lors des transferts sortants. Comme Mike l’a évoqué, j’ai l’impression que notre secteur se réinvente tous les six mois à trois ans et que tout redevient nouveau. Trouver à présent une formulation adaptée au marché pour ces concepts est complexe, mais réellement essentiel.

James Wright : Exactement. Cela concorde avec un sujet que nous avons abordé il y a quelques semaines, et que nous avons tous observé dans notre secteur, à savoir que bien que ce changement est révolutionnaire, il a également compliqué certaines choses, comme celles que vous venez de mentionner. Bien, Luisa, à vous la parole.

Luisa Fuentes : Brian, je m’adresse encore à vous : vous faites partie d’une franchise très reconnue, Carlyle, l’un des plus importants promoteurs financiers au monde. Avec votre type de profil, constatez-vous une augmentation du nombre de demandes inversées d’acheteurs cherchant à s’approvisionner en crédits dans vos projets?

Brian Callaway : Encore une fois, la réponse est oui. De toute évidence, Carlyle nous donne un certain poids et une notoriété qui nous différencient. De plus, le marché des crédits de transfert est clairement solide et gagne en profondeur et en envergure, à mesure qu’un nombre accru de personnes s’efforcent de comprendre le projet. Nous n’allons pas aborder en détail les acteurs, les moyens et les quantités dans un balado, mais disons qu’il y a un véritable élan et que son rythme s’accélère. Plus concrètement, en examinant le marché de 2024, comme Mike l’a mentionné, nous observons une hausse des volumes de débit d’actions liées à la fiscalité par rapport aux prévisions. Elles ont atteint près de 30 à 40 milliards de dollars, contre environ 20 milliards de dollars attendus. Cela s’explique en grande partie par les transferts directs, ou par les transferts directs effectifs d’une banque concluant l’entente et signant une entente de transfert de l’autre côté. J’espère que cela aide à mettre les choses en contexte. Les demandes inversées augmentent, mais de toute évidence, nous devons garder certaines choses exclusives.

Luisa Fuentes : Mike, avez-vous été surpris par la variété d’acheteurs potentiels qui ont manifesté de l’intérêt pour le marché? Voyez-vous des thèmes précoces ou des points à retenir ici?

Mike Duff : Oui, certains acteurs ont fait une entrée remarquable sur le marché à ce jour. Ce ne sont pas forcément les participants auxquels on s’attendait. L’enthousiasme général affiché par bon nombre de ces acheteurs, qui n’étaient pas des participants traditionnels au marché, a été presque universel. Ils sont tous très activement impliqués à présent. Pour revenir à ce que disait Brian, il y en a probablement une quinzaine ou une vingtaine qui cherche très activement à participer au marché des transferts. Et il ne s’agit pas d’une seule opération, mais de plusieurs. Si l’on en croit le pipeline actuel des promoteurs, l’intérêt que nous observons du côté des transferts et la façon dont de nombreuses banques qui étaient des acteurs traditionnels utilisent leurs relations avec la clientèle et promeuvent ces crédits représentent une diffusion incroyablement étendue, à un grand nombre de sociétés et autres pour évaluer leur intérêt. Encore une fois, je pense que la réponse a été plutôt positive.

James Wright : Mike, vous avez presque parfaitement introduit ma prochaine question à Brian. Brian, l’un des aspects particulièrement intéressants que nous avons tous observés au cours de la dernière année est le nombre de nouveaux courtiers qui sont entrés sur le marché en tant que facilitateurs tiers pour ces opérations de crédit. Ils présentent une grande variété de modèles d’affaires différents. En tant que vendeur potentiel de ces crédits, quelle valeur voyez-vous dans ces services de courtage? Y voyez-vous des occasions d’innovation? Et mon point de vue personnel, qui est probablement partial et rejoint ce que disait Mike tout à l’heure, est que les banques pourraient également jouer un rôle un peu plus important dans l’établissement de liens entre les acheteurs et les vendeurs, mais j’aimerais connaître votre point de vue à ce sujet.

Brian Callaway : Je pense que vous avez tout à fait raison, James, mais cela dépend du vendeur, n’est-ce pas? Certains des courtiers en dehors du secteur financier et des syndicateurs en dehors du secteur bancaire émergeant actuellement aident à ouvrir un peu le marché pour les personnes réalisant des opérations très regroupées de 50 à 100 millions de dollars ou moins. Et c’est une très bonne chose. J’ai l’impression que ce marché se remplit rapidement. Il est plus difficile pour nous d’avoir recours à ce genre d’acteurs compte tenu de l’envergure et de la nature personnalisée de nos opérations. Cela signifie que nous ciblons habituellement un partenaire traditionnel de premier plan ou un nouveau contribuable associé à un programme ou à une équipe fiscal sophistiqué, et dont les obligations fiscales s’élèvent à des milliards de dollars et plus. Toutefois, cela laisse beaucoup de place entre les deux pour d’autres facilitateurs. Je pense que les banques peuvent y jouer un rôle croissant. Je pense que le truc, c’est d’essayer de trouver un produit qui apporte plus de valeur que simplement connecter des personnes entre elles, n’est-ce pas? Parce qu’au moins, les personnes comme nous ont l’avantage d’avoir des relations. Il s’agit de plus que d’établir des connexions entre l’ensemble des parties prenantes et de facturer une commission pour cela. Il s’agit de simplifier l’exécution, la reproductibilité, la monétisation, la dépréciation, etc. Mais je pense qu’il y a un énorme marché ici.

James Wright : Mike, sur ce, d’un point de vue juridique, j’aimerais savoir si l’ajout de ces courtiers tiers à la composition des opérations a complexifié de votre côté les aspects liés à la documentation?

Mike Duff : C’est une excellente question, James. Cela n’a ajouté aucune complication en ce qui concerne nos activités. Je vais faire écho aux observations de Brian, selon moi, bon nombre de ces courtiers jouent un rôle vraiment essentiel dans certaines opérations de moindre envergure. Bien que plus petites, elles sont tout de même très significatives. Toutefois, quand il s’agit de vendre 25 ou 50 millions de crédits, d’opérations plus importantes de vente de ces crédits à des sociétés comme celles du Fortune 100, à des sociétés de premier ordre, les courtiers peuvent rarement agir, souvent parce que les promoteurs savent qui sont ces entités ou parce que ces entités ont déjà communiqué avec la Banque CIBC pour demander des présentations et du soutien. Pour revenir à ce que disait Brian, je pense que les institutions financières comme la vôtre, James, peuvent jouer un rôle important distinct de celui des courtiers traditionnels, car grâce à votre expérience sur le marché des actions fiscales, certains de ces acheteurs seront très à l’aise de travailler avec vous. Vous pouvez les aider avec la diligence. Vous comprenez les exigences hautement complexes d’admissibilité fiscale, alors qu’un courtier ne peut pas avoir autant de connaissances à ce sujet, n’est-ce pas? Parce que cela fait 10 ou 15 ans, voire plus, que vous menez des opérations sur actions à des fins fiscales. Vous en avez financé, etc. Poser les bases de leur construction n’est pas un nouveau concept pour vous. Ces règles obscures et très nuancées sont des choses avec lesquelles nous sommes tous bien familiarisés. Bien que vous ayez des courtiers en général, je pense que nous observerons sur ce marché une séparation entre d’une part, les courtiers financiers, qui ajouteront un élément de soutien supplémentaire, c’est-à-dire qu’ils comprennent l’actif, son admissibilité au crédit, et qu’ils peuvent avoir une valeur ajoutée supplémentaire. Et d’autre part, les courtiers plus traditionnels, qui mettent en relation l’acheteur et le vendeur et font progresser les opérations de façon efficace, ce qui est très important. Mais cela est différent de ce que les autres institutions financières pourraient offrir aux clients de la banque.

James Wright : Merci, Mike. Vos seuls propos ont renforcé mon amour pour la banque. Je vous remercie.

Luisa Fuentes : Je vous remercie également d’avoir validé notre modèle d’affaires. Mike, je vais partir du principe que tous les crédits d’impôt ne sont pas créés de façon égale, du moins aux yeux des acheteurs. Pour creuser un peu plus ce sujet, en dehors des crédits d’impôt à l’investissement et à la production bien connus pour l’énergie solaire et éolienne, que nous connaissons et apprécions tous, constatez-vous des défis pour les acheteurs qui pourraient avoir une incidence sur leur intérêt pour d’autres types de crédits, par exemple pour la fabrication de pointe, l’hydrogène, le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, et cætera? Et tant que nous y sommes, une nouvelle spécificité vient d’être adoptée : le paiement direct de certains de ces crédits d’impôt sur le captage, l’utilisation et le stockage de l’hydrogène et la fabrication. Je me demande de quel œil vous voyez cette nouveauté.

Mike Duff : Bien sûr. Nous travaillons actuellement sur plusieurs transferts en lien avec un certain nombre de technologies différentes. Ce que nous constatons pour l’instant, alors que le marché débute et est toujours en train de se régler, et qu’il semble y avoir une préférence, du moins de notre point de vue. Quand je dis une préférence, je veux simplement dire que les crédits se négocient à une valeur plus élevée pour vos crédits 45 X. Il y a ensuite les crédits d’impôt à la production d’énergie éolienne. Puis les crédits d’impôt à l’investissement dans l’énergie solaire. Je pense que cela est juste dû au fait qu’avec votre crédit d’impôt à l’investissement, il y a une exposition aux récupérations. Si vous êtes une entreprise qui n’est pas familière avec le secteur de l’énergie renouvelable ou qui a de longs antécédents dans ce secteur, vous devez vous adresser à la haute direction et lui expliquer : « Nous considérons deux crédits différents, nous pouvons acheter 100 millions de dollars de crédits d’impôt à la production ou 100 millions de dollars de crédits d’impôt à l’investissement. Le crédit d’impôt à l’investissement est assorti à une police d’assurance et à un risque extrême sur cinq ans en cas de récupération… » La direction, selon ce qu’on m’a rapporté, va alors dire : « Attendez un peu, dites-nous-en plus sur le crédit d’impôt à la production. Est-il assorti de l’une ou l’autre de ces autres caractéristiques? » Et la réponse est non. La direction préférera donc le crédit d’impôt à la production. Je pense donc qu’il y a une certaine préférence du marché pour les crédits d’impôt à la production, en particulier les crédits de type 45X qui sont très recherchés. En ce qui concerne le paiement direct, une certaine incertitude règne encore pour l’instant. Je pense qu’il y a une préoccupation générale par rapport au fait qu’un changement administratif pourrait retarder le paiement direct et ses versements. Du point de vue du financement, cela complique un peu le paiement direct, car il y a de l’incertitude ou une incertitude supplémentaire quant au moment où le paiement sera effectivement reçu. À l’heure actuelle, je n’observe pas le même flux d’opérations de paiement direct que d’opérations de transfert de crédit. Cela pourrait changer si après novembre la Maison-Blanche n’est pas occupée par un républicain. Les acteurs se sentiront alors peut-être un peu plus convaincus par le paiement direct, et les banques chercheront à prêter en le prenant pour garantie et les promoteurs chercheront à l’utiliser à l’avenir.

Luisa Fuentes : Oui, je dois dire que même avec la fonction de paiement direct, beaucoup préfèrent toujours ne pas utiliser cette option et la transférer.

James Wright : Brian, je meurs d’envie de vous poser une autre question, dans une perspective légèrement autocentrée d’acteur du secteur bancaire. L’une des conséquences peut-être involontaires de la transférabilité que nous avons constatée est que les prêteurs en construction de projets d’énergie renouvelable doivent désormais composer avec une complexité légèrement accrue lorsqu’ils réfléchissent à leurs scénarios de remboursement. Qu’en pensez-vous? Quelle est votre perspective de l’autre côté de la table? De toute évidence, vous avez été très actif sur ce marché au cours de l’année dernière, avec des ententes de construction de grande envergure. Avez-vous constaté cela avec vos prêteurs en construction et comment avez-vous géré la situation?

Mike Duff : Je ne suis pas sûr de vouloir intervenir, James. Je pense que Brian a peut-être besoin d’un représentant avec lequel j’interagis, compte tenu de la relation actuelle. Brian, n’hésitez pas à me le dire si c’est le cas.

James Wright : Oui, si vous préférez garder le silence, Brian, je comprends. Pas de problème.

Brian Callaway : Nous ne voulons pas nous tirer dans le pied. C’est exact. Je vais donc essayer d’aborder ce sujet de plusieurs façons différentes. Honnêtement, cela semblera un peu comme une réfutation du concept selon lequel c’est généralement plus complexe, James. Puis-je imaginer quelque chose de plus complexe qu’essayer d’obtenir un grand financement par emprunt sans recours en sus d’un large investissement en équité fiscale sans recours ou d’un plan de monétisation fiscale, au moment même où un projet commence à engendrer ses dépenses les plus importantes et avant son achèvement mécanique? Formulé ainsi, cela me semble très difficile. Et cette complexité est d’autant plus importante si toutes ces parties sont très sophistiquées et comptent des représentants très puissants, tels que Mike Duff ici présent. D’une certaine façon, la transférabilité et le passage d’une structure de prêt de relais d’équité fiscale à une structure de prêt de relais de crédit d’impôt simplifient les choses et apportent un peu plus de marge de manœuvre au système. Je vais donc partager une petite anecdote avec vous. Nous avons placé ce que nous appelons le prêt de relais de crédit d’impôt au centre de notre stratégie de financement. Il se substitue au prêt de relais fiscalement réglementé et est axé sur un scénario de transfert final, une entente de transfert, quelque chose comme cela, plutôt qu’un rachat. Nous avons conclu les ententes Harpahalla I et II à la fin de l’an dernier pour environ 1,2 milliard de dollars, sur une base entièrement sans recours, en nous fondant sur cette structure. Je pense que c’était une première. Et franchement, ça s’est très bien déroulé. Même si certaines parties semblent peu familières et donc complexes, dans l’ensemble, cette structure est un peu plus simple que celle des prêts de relais d’équité fiscale à laquelle nous sommes tous habitués. Il me semble légitime que vous souligniez la complexité apparente de cette nouvelle structure, mais elle est simplement due à sa nouveauté. Nous demandons ici aux personnes d’approuver un achat sur un marché liquide avec un rabais raisonnable sur le prix et, dans certains cas, sur le volume. Et nous donnons aux prêteurs une place de premier plan dans le projet, à la différence de l’effet de levier. Bien que dans notre cas, nous ayons l’intention de faire mieux, entre guillemets, en adoptant une structure d’équité fiscale plus traditionnelle connue de tous, je pense que ce scénario de base sera de moins en moins nécessaire, lorsque tout le monde comprendra et acceptera mieux cette nouvelle structure. Pour conclure, je pense que c’est quelque chose d’excellent pour notre domaine, au risque de me répéter, il s’agit d’un autre élément qui nous permet maintenant de nous concentrer sur le projet et sa bonne exécution, la conclusion de dettes efficaces en temps normal de transit, la bonne constitution de l’actif, et la gestion ambitieuse du calendrier sans devoir se soucier des points liés au financement. Et ensuite, le moment venu, sur la monétisation fiscale. Et franchement, Mike, je me tourne vers vous, tout cela s’harmonise mieux avec le risque que l’équité fiscale traditionnelle veut assumer de toute façon, qui n’est pas un risque lié au développement ou à la construction.

Mike Duff : Je suis tout à fait d’accord, Brian. Pour revenir à ce que disait Brian, James, tout ce qui est nouveau présente des difficultés, surtout dans un secteur qui appliquait depuis 20 ans une structure que tout le monde connaissait, en dépit de sa grande complexité. Je suis d’accord avec Brian pour dire que nous entrons dans une nouvelle ère où les choses sont beaucoup plus simples du point de vue du financement. Il s’agit juste de surmonter la nouveauté et d’éduquer les participants. Mais une fois que ce marché de transfert deviendra réellement liquide, et il est déjà sur cette voie, à un rythme plus rapide que ce à quoi je m’attendais, les prêteurs comme vous, James, pourront examiner le marché et se dire bon, nous devons saisir ce projet, au cas où les choses tourneraient mal. Y a-t-il un marché liquide pour vendre ces crédits? Je pense que la réponse à cette question sera un oui catégorique. Vous savez, il est déjà en germe et ne fera que croître, ce qui, comme l’a dit Brian, permet à l’échéancier de financement de s’établir de façon beaucoup plus efficace et opportuniste pour les promoteurs également, qui ne souhaitent pas intervenir tôt dans l’équité fiscale et s’exposer au risque lié à la construction.

Brian Callaway : Si je peux vous paraphraser tous les deux, vous dites que c’est simple et qu’il n’y a pas de souci à se faire.

Brian Callaway : C’est un peu plus compliqué que cela, James, mais dans l’ensemble, c’est plus simple, même si tous ne le perçoivent pas encore ainsi. James, vous nous avez tous bien entendu soutenus pour les ententes avec Hark, mais cela n’a pas été le cas de tous sur le marché, ce qui est ceci dit très logique. La majeure partie des participants au marché nous rejoignent désormais. Il y a encore un petit prix à payer pour augmenter les liquidités dans le secteur. J’espère que nous aurons encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine.

James Wright : Bien dit. Luisa, pourquoi ne conclurions-nous pas là-dessus?

Luisa Fuentes : Très bien, ma question porte sur le fait de faire un vœu. Si nous avions parmi les auditeurs des responsables des politiques publiques, tout en reconnaissant que ce marché est encore tout nouveau, y a-t-il des lacunes dans les lignes directrices ou d’autres domaines où, selon vous, la réglementation devrait encore être clarifiée pour contribuer à stimuler la croissance de ce marché?

Brian Callaway : De toute évidence, le contenu national. Nous avons un premier avis qui exige une preuve des coûts du fabricant. Nous avons un deuxième avis qui contient une exonération, laquelle s’est avérée moins utile que ce que nous espérions, pour certains plus que pour d’autres, et nous attendons d’autres règlements potentiellement transformateurs dans un délai inconnu. Si je pouvais régler tout cela d’un coup de baguette magique, je le ferais, car il y a de la valeur à libérer qui pourrait jouer son rôle et stimuler la croissance dans le domaine. Mais il est très difficile de l’utiliser pour le moment.

Mike Duff : Je suis tout à fait d’accord. On pourrait la comparer en quelque sorte à un additionneur de courant continu. J’ajouterais même, bien que ce ne soit peut-être pas une opinion populaire, que le secteur serait gagnant si cet additionneur de courant était installé et que nous recevions des directives relatives à la trésorerie de l’IRS, qui nous indiqueraient ce qu’il en est pour l’instant. L’assurance qu’apportent des directives constantes est nécessaire et le changement des règles du jeu complique l’exécution d’opérations pour les institutions, car elles craignent toujours que quelque chose puisse changer. Jusqu’à maintenant, les changements ont tous été favorables aux contribuables. Mais le doute que cela puisse changer subsiste toujours. En ce qui concerne la transférabilité, il y a une série de règles établies. Pourraient-elles être modifiées ici ou là pour gagner en efficacité? Je suis certain que oui, mais elles fonctionnent plutôt bien, comme en témoignent le marché et sa situation actuelle. L’un des points mentionnés par Brian sur lequel il faudrait vraiment se concentrer et qu’il faut clarifier est le contenu national. Ce travail est en cours. Vous savez, je pense que le marché repose sur de bonnes bases, je suis sûr que vous le ressentez également. Brian est certainement de cet avis. En tout cas, c’est ce que je ressens. Vous savez. Je ne crois pas que le marché ait besoin de beaucoup plus pour décoller. J’ai l’impression qu’il est déjà gonflé à bloc. Je pense que le simple fait de laisser les choses se régler enverra un signe positif pour le marché et les acteurs pourront alors comprendre les principes de base et prendre leurs décisions de financement en conséquence.

James Wright : Oui, je suis tout à fait d’accord avec vous. Ce fut une conversation formidable. Merci à tous. Nous pourrions probablement encore parler de ce sujet pendant des heures. Pour conclure ce balado, habituellement, nous aimons terminer par un bref tour de table sur ce qui anime nos semaines. Cette semaine, je vais me faire une joie de passer en premier. Je vais aborder un thème sportif. L’équipe de soccer d’Angleterre m’a donné des brûlures d’estomac perpétuelles, mais je continue à croire que quelque chose de magique pourrait se produire. Je garde la foi. Je vais aussi promouvoir le monde du vélo. Je suis un grand amateur du cyclisme. Je vais donc juste mentionner que quelques minutes avant que nous commencions cet enregistrement, Mark Cavanish a remporté son 35^e Tour de France. Il est ainsi devenu le meilleur cycliste de tous les temps, juste devant Eddie Merckx. C’est fantastique. Je suis un grand admirateur de Manx Missile, le surnom de Cavanish. Tout cela renouvellera ma motivation à enfourcher mon vélo et à brûler des calories. Et voilà pour moi. Qu’en est-il pour vous, Luisa?

Luisa Fuentes : Comme je rentre tout juste d’Aruba, mon seul commentaire est que la vie est bien meilleure quand on prend une boisson rafraîchissante en milieu de journée. J’ai donc hâte de le faire plus tard cet après-midi.

Brian Callaway : Moi aussi, je vais parler d’autre chose que de notre secteur. J’essaie d’intégrer dans ma vie de la sagesse venue de sphères autres que celle des infrastructures d’énergie renouvelable pour garder les pieds sur terre et l’esprit sain. J’aime beaucoup les citations, et cette citation de Mark Twain me semble particulièrement à propos, compte tenu de tous les changements que connaît notre domaine chaque semaine. Je crois que je l’ai lue dans un article un peu fleur bleue : « Ce n’est pas ce que vous ignorez qui vous attire des ennuis, c’est ce que vous croyez certain, mais qui ne l’est pas ». Elle m’a semblé très appropriée, car nous traversons une période d’incertitude pour beaucoup de raisons différentes, tout en connaissant des niveaux de réussite assez élevés en tant que secteur.

Mike Duff : James, pour revenir sur le thème du soccer, j’ai été très déçu par l’équipe masculine des États-Unis. Congédiez le coach, mes Lakers ont été décevants. Et pour finir, je vais revenir sur ce qui nous tient en haleine. Je ne suis pas sûr des conclusions à tirer de la débâcle du débat de jeudi dernier, de ses conséquences à venir, d’un point de vue général, bien sûr, mais également pour notre secteur. Nous parlions de bouleversements sismiques. Ceux qui ont regardé le débat ont pu en observer un en temps réel. Et c’est un bouleversement avec lequel il nous faudra composer en tant que pays et, évidemment, en tant que secteur, en essayant de déterminer les étapes suivantes.

James Wright : Merci encore, Brian et Mike. C’était vraiment formidable. Excellente conversation! Le marché de la transférabilité des crédits d’impôt a certainement évolué très rapidement pour nous tous. Il y a beaucoup de nouveautés, beaucoup de changements intéressants en cours. Nous nous réjouissons tous de ce que nous observons sur le marché. Nous reviendrons sur certains de ces thèmes dans de prochains balados. Merci encore, messieurs.

Brian Callaway : Merci à vous deux. Ce fut un plaisir.

Mike Duff : Merci à tous.

Luisa Fuentes : Au revoir.

Conclusion : Joignez-vous à nous lors du prochain épisode de The Energy Shift, nous continuerons d’aborder certains des sujets d’actualité dans le domaine de la transition énergétique aux États-Unis; Nous vous offrirons les dernières nouvelles et les derniers points de vue pour vous aider à changer votre perspective.

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Transférabilité des crédits d’impôt – Évolution du marché à ce jour

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