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Positionnés pour la croissance : La préparation et la résilience alimentent les opportunités dans un marché de sortie en reprise

1 déc. 2025Moteurs de croissance
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Deux hommes marchent dans un couloir bordé de bureaux aux portes vitrées tout en se regardant et en discutant.

Alors que nous abordons les derniers mois de 2025 et que nous nous tournons vers 2026, les entrepreneurs canadiens et les investisseurs qui les soutiennent naviguent dans un environnement de sortie marqué à la fois par la prudence et la complexité. Pourtant, sous la surface, les premiers signes d’un regain de dynamisme apparaissent. Le capital reste abondant, la baisse des taux d’intérêt réduit le coût du capital d’emprunt pour soutenir les fusions et acquisitions, et la pression sur les investisseurs pour céder et déployer des fonds augmente. Cela suggère que, bien que beaucoup attendent en marge en raison de l’incertitude macroéconomique persistante, les conditions d’une reprise de l’activité se mettent progressivement en place. Le défi, et l’opportunité, résident dans la préparation. 

Un marché à deux vitesses émerge

Le paysage actuel peut être décrit comme un marché à deux vitesses. D’un côté, les entreprises qui continuent de faire preuve de résilience obtiennent des valorisations élevées et concluent des transactions. Il s’agit notamment d’entreprises aux fondamentaux solides, à la direction professionnelle et à la capacité éprouvée de s’adapter. Les sociétés non exposées aux risques de droits de douane transfrontaliers (notamment celles qui ne dépendent pas uniquement des protections de l’ACEUM, susceptibles d’être affectées par d’éventuelles renégociations) réussissent également mieux leurs transactions. De plus, les entreprises offrant des produits et services non discrétionnaires, qui restent demandés quelles que soient les conditions économiques, obtiennent de meilleurs résultats. 

À l’inverse, les entreprises qui n’ont pas encore professionnalisé leur gestion, qui manquent d’avantage concurrentiel durable ou qui sont exposées aux risques tarifaires, connaissent des délais prolongés, des pressions sur la valorisation et un examen accru. Par conséquent, les horizons de sortie s’allongent et les investisseurs comme les propriétaires réajustent leurs attentes pour tenir compte d’un marché plus nuancé et axé sur le risque. Cette divergence est visible dans plusieurs segments de marché. 

Prenons l’exemple du marché des introductions en bourse (IPO). La fenêtre pour les IPO au Canada reste extrêmement étroite. Seules 5 IPO traditionnelles ont été réalisées sur le TSX Venture Exchange entre janvier et août de cette année, et, en excluant les inscriptions spécialisées, seules quelques IPO ont été réalisées sur le TSX depuis 2022. Même si certaines grandes entreprises mondiales dans des secteurs comme l’IA et l’énergie ont réussi à accéder aux marchés publics, l’environnement canadien demeure plus calme. 

L’activité de capital-risque raconte une histoire similaire. Selon CPE Analytics, l’investissement en capital-risque canadien a totalisé 2,9 milliards de dollars au premier semestre 2025, soit le deuxième plus faible résultat sur cinq ans. Les investisseurs privilégient de plus en plus les entreprises en phase avancée, gérées professionnellement, diversifiées et rentables. L’accent est mis sur les fondamentaux et la résilience. 

Les acheteurs stratégiques, qu’il s’agisse de sociétés ou de firmes soutenues par des fonds de capital-investissement, sont les participants les plus actifs sur le marché actuel. Parce qu’ils investissent déjà dans leurs marchés finaux respectifs et disposent d’une connaissance approfondie de leurs secteurs, ils peuvent investir avec plus de conviction. On observe ainsi un volume élevé d’acquisitions complémentaires, généralement considérées comme moins risquées. Bien que ces acheteurs restent sélectifs, une grande partie de cette prudence est liée à l’incertitude persistante due aux facteurs économiques et géopolitiques mondiaux. Les coûts d’emprunt — qui ont augmenté en 2022 et 2023 — sont restés élevés mais commencent maintenant à baisser, même si la diminution est plus lente que prévu. Ce contexte entraîne une incertitude persistante sur les valorisations. 

La croissance continue du décalage entre les attentes des acheteurs et des vendeurs devient évidente. Les acheteurs réévaluent les actifs en fonction de l’évolution de l’inflation et des risques macroéconomiques, tandis que de nombreux propriétaires restent attachés aux valorisations d’avant la pandémie. Par conséquent, des structures de transaction plus inventives sont nécessaires pour combler les écarts de valorisation et conclure les opérations. Les compléments de prix (earn-outs), les roulements d’équité importants, les billets de vendeur et autres approches créatives deviennent la norme plutôt que l’exception. 

Le capital-investissement, quant à lui, dispose d’un montant record de liquidités — plus de 2 000 milliards de dollars en Amérique du Nord seulement. La pression sur les fonds pour investir est réelle, mais les options de sortie restent limitées pour les sociétés en portefeuille existantes. Au Canada, la valeur des transactions de capital-investissement est tombée à seulement 6,5 milliards de dollars américains au deuxième trimestre 2025, soit moins de la moitié de celle de l’année précédente. Les périodes de détention se sont largement étendues au-delà des trois à cinq ans traditionnels, créant une demande refoulée tant du côté des acheteurs que des vendeurs. 

La bonne nouvelle est que les ingrédients d’une reprise sont réunis. Les conditions financières commencent à s’assouplir, la Banque du Canada a baissé ses taux en septembre et octobre, et les perturbations liées aux droits de douane pourraient s’atténuer. Une fois que les conditions macroéconomiques se stabiliseront et que les attentes en matière de valorisation se rapprocheront, une reprise significative de l’activité transactionnelle pourrait survenir — potentiellement dans quelques mois. Cependant, il est difficile de prévoir ce moment, et la meilleure stratégie consiste à miser sur la préparation. 

La préparation comme avantage concurrentiel

Pour les propriétaires d’entreprises et les équipes de direction, la préparation est désormais le véritable avantage concurrentiel. L’amélioration de l’efficacité opérationnelle, la professionnalisation des systèmes, des processus et des équipes de gestion, et l’expansion des marges doivent être des priorités. Il est tout aussi important de démontrer que l’entreprise est conçue pour évoluer, qu’elle peut résister aux chocs grâce à un avantage concurrentiel et qu’elle peut fonctionner indépendamment de ses fondateurs. Les acheteurs recherchent des plans clairs de création de valeur et un solide historique d’exécution, que cela signifie une expansion vers de nouveaux marchés, le lancement de nouveaux produits ou la réalisation d’acquisitions stratégiques. Des rapports financiers prêts à être audités sont essentiels pour résister à la diligence raisonnable rigoureuse que les acheteurs ne manqueront pas de mener. 

La résilience est également essentielle, notamment pour les entreprises canadiennes exposées à la montée du protectionnisme, aux défis des chaînes d’approvisionnement mondiales et à la volatilité du marché américain. Celles qui peuvent prouver leur capacité à surmonter ces chocs externes seront les premières à attirer l’intérêt sérieux des acheteurs lorsque le marché repartira. L’optionnalité est un autre avantage clé. Les entreprises qui se préparent à plus d’un scénario de sortie — qu’il s’agisse d’une vente directe à un acheteur stratégique ou financier, d’une recapitalisation avec un fonds de capital-investissement, ou même d’une IPO — auront la flexibilité d’agir lorsque la bonne opportunité se présentera. Maintenir un bilan flexible fait partie de cette stratégie. 

En fin de compte, les propriétaires doivent être réalistes quant à ce que recherchent les acheteurs. La plupart des acheteurs aujourd’hui, en particulier les investisseurs en capital-investissement, continuent de préférer les positions de contrôle ; cependant, dans les investissements minoritaires, on observe une évolution vers l’utilisation d’instruments structurés plutôt que d’actions ordinaires. Ces structures sur mesure — incorporant souvent des caractéristiques telles que des rendements préférentiels, des droits de gouvernance renforcés et des voies de sortie définies — permettent aux investisseurs de mieux gérer le risque et d’aligner leurs intérêts avec ceux de la direction. L’intérêt des acheteurs reste fort dans des secteurs tels que les services aux entreprises avec des modèles de revenus récurrents, la santé et les sciences de la vie, la distribution, et la fabrication et l’emballage spécialisés. Néanmoins, la clé de la création de valeur réside dans la professionnalisation, la résilience et l’optionnalité du modèle d’affaires bien avant d’envisager une sortie. 

Dans ce marché, la patience et la préparation ne sont pas simplement des vertus — ce sont des avantages concurrentiels. Les entreprises qui investissent dès maintenant dans l’excellence opérationnelle, la transparence financière et la flexibilité stratégique seront les premières à bénéficier du retour du dynamisme du marché. Le prochain cycle d’opportunités est à l’horizon. La question n’est pas de savoir si, mais qui sera prêt à en profiter. 

Contributeurs

Evan Bennitt

Premier vice-président, Financement des sociétés

Groupe Entreprises CIBC

Un homme aux cheveux blonds coupés court et à la barbe, portant un costume sombre, une chemise blanche et une cravate bleue, sourit devant la caméra.

Stephen Smaluck

Directeur principal, Financement par effet de levier

Groupe Entreprises CIBC