IA : La révolution de la productivité à laquelle nous ne pouvons pas échapper

La conversation autour de l’intelligence artificielle tombe souvent dans une logique binaire : les partisans la présentent comme le moteur de croissance le plus puissant du siècle, tandis que les critiques mettent en garde contre la perte d’emplois, les bouleversements sociaux et des risques encore difficiles à mesurer. Mais réduire la question à un choix entre avantages et inconvénients passe à côté de l’essentiel. L’IA progresse à une échelle et à une vitesse qui rendent toute abstention impossible.
Comme l’a récemment observé Dan Debow, entrepreneur et investisseur en série, lors d’un panel CIBC, « le changement que nous allons connaître grâce à une adoption généralisée des outils d’IA sera en réalité encore plus profond sur la nature de l’économie, sur la façon dont les gens travaillent, sur les lieux où la valeur est créée. » La vraie question n’est donc pas de savoir s’il faut l’adopter, mais à quelle vitesse les entreprises, les investisseurs et les économies peuvent s’adapter à un monde où l’IA est intégrée dans chaque processus.
Aucun terrain neutre – la productivité comme prisme
Cette technologie progresse parce que les plus grandes économies et entreprises mondiales investissent des sommes extraordinaires de capitaux, de talents et de puissance informatique dans son développement. Ce mouvement mondial ne peut être ralenti par la réticence d’une seule entreprise ou juridiction. Dans cet environnement, l’hésitation n’est pas neutre — c’est une décision de prendre du retard. Les entreprises qui tardent à adopter l’IA feront face à des concurrents plus rapides, moins chers et à plus grande échelle. La démarcation sera nette : celles qui intègrent l’IA dans leurs opérations donneront le rythme de l’économie, tandis que les plus prudentes seront progressivement mises à l’écart.
Puisque l’adoption est inévitable, il faut passer de la spéculation à la mesure. La véritable importance de l’IA ne réside pas dans sa nouveauté, mais dans sa capacité à générer des gains de productivité mesurables. Mark Shulgan, cofondateur d’Intrepid Growth Partners, explique : « Dans chaque investissement que nous réalisons, nous voulons définir très clairement quel est le retour que vous obtenez grâce à l’IA. Et c’est simplement : à quoi ressemblait le processus avant, et à quoi ressemble-t-il après. » Les organisations doivent aborder l’IA avec la même rigueur financière que pour leurs investissements en capital : définir le processus tel qu’il existe aujourd’hui, le repenser avec l’IA au cœur, et calculer l’amélioration nette. Cette approche garantit que l’IA n’est pas simplement ajoutée aux flux de travail existants, mais utilisée pour les réinventer fondamentalement.
Dans des secteurs aussi variés que la finance, la logistique et la santé, la technologie est déjà intégrée dans des processus de bout en bout. Lorsqu’elle est déployée ainsi, elle ne se contente pas d’améliorer l’efficacité à la marge, mais repense structurellement la façon dont le travail est accompli.
Au niveau macroéconomique, cela importe d’autant plus que les réalités démographiques pèsent sur la croissance. Comme le souligne également Mark Shulgan : « Une grande partie de la croissance économique des dernières décennies a été le résultat des changements démographiques. Désormais, l’impact sur l’économie d’une main-d’œuvre plus réduite ou d’une croissance démographique plus lente est très important. Et ces outils sont ce dont nous avons besoin pour améliorer la productivité et générer davantage de croissance économique. » Avec un ralentissement de l’expansion démographique et une diminution des effectifs dans les économies avancées, la productivité devient le seul levier pour maintenir la prospérité. L’IA a le potentiel d’être ce levier.
Les flux de capitaux montrent la direction
Les marchés ont déjà rendu leur verdict. Des centaines de milliards de dollars ont été investis dans la construction de l’infrastructure, des centres de données et des modèles de base qui sous-tendent l’IA. Les investissements en capital-risque explosent, avec des niveaux de financement cette dernière année qui éclipsent la plupart des autres catégories technologiques. Le mouvement se diffuse déjà en aval : alors que les premiers dollars étaient dirigés vers les entreprises développant les modèles sous-jacents, les investisseurs se tournent désormais vers celles qui appliquent l’IA à des problèmes commerciaux concrets.
Les trajectoires de croissance sont frappantes. De jeunes entreprises voient leur chiffre d’affaires augmenter à des rythmes autrefois jugés impossibles. Au Canada et dans le monde, les entreprises qui construisent avec succès autour de l’IA atteignent des étapes clés en une fraction du temps qu’il fallait auparavant. Ces valorisations et courbes de croissance ne sont pas des bulles spéculatives ; elles reflètent la profondeur de la demande pour de véritables solutions améliorant la productivité.
La culture détermine l’adoption
Cela dit, le capital et la technologie seuls ne suffisent pas. Le facteur décisif au sein des organisations est la culture. L’IA est désormais accessible d’une manière que les technologies passées ne l’étaient pas ; il suffit d’interagir en langage naturel. Cette accessibilité supprime les excuses pour le détachement des dirigeants. Les cadres qui n’expérimentent pas eux-mêmes les outils auront du mal à en comprendre le potentiel ou à donner une direction crédible à leurs équipes.
Il est tout aussi essentiel de créer un environnement qui encourage l’expérimentation à tous les niveaux de l’organisation. Favoriser une culture de l’innovation, comme le souligne Debow, exige que l’entreprise crée « un environnement sécure où les gens peuvent expérimenter… Les percées viennent souvent non pas de projets gérés de manière centrale, mais d’individus et d’équipes prêts à tester et affiner de nouvelles approches. » Les organisations qui laissent place à cette innovation de terrain accéléreront l’adoption bien plus vite que celles qui limitent l’usage à des pilotes strictement contrôlés.
Façonner la main-d’œuvre du futur
À mesure que l’IA devient un élément du travail quotidien, sa maîtrise sera aussi indispensable que l’est devenue la connaissance des feuilles de calcul pour la génération précédente. Le succès dépendra de compétences alliant curiosité technique et solide gestion. En ce sens, travailler efficacement avec les systèmes d’IA exigera des qualités similaires à celles requises pour encadrer des collaborateurs débutants : savoir donner des instructions claires, fournir du contexte et affiner les résultats au fil du temps. Les dirigeants qui peinent avec ces fondamentaux obtiendront des résultats faibles ; ceux qui excellent amplifieront la productivité de leurs équipes sans augmenter les effectifs.
Parallèlement, l’IA abaisse les barrières à l’entrepreneuriat. La capacité de passer de l’idée au prototype puis au produit n’a jamais été aussi facile. Cette dynamique accélérera l’innovation au sein des entreprises, mais générera aussi de nouveaux secteurs entiers. L’histoire montre que la demande humaine s’étend sans cesse à de nouveaux domaines dès que la capacité est libérée. Il en sera de même à cette époque.
La question de la vitesse
Réduire l’IA à une liste d’avantages et d’inconvénients masque la seule variable qui compte vraiment : la vitesse. La technologie progresse quoi qu’il arrive. Les organisations qui s’adaptent rapidement — en intégrant l’IA dans leurs processus, en mesurant ses retours et en favorisant l’adoption culturelle — en récolteront les bénéfices. Celles qui hésitent verront leur pertinence diminuer.
L’IA n’est pas un cycle passager ni un outil à déployer marginalement. C’est l’infrastructure de la prochaine économie. Sa diffusion est garantie par l’investissement mondial, la pression concurrentielle et son utilité démontrée. Pour les dirigeants, les investisseurs et les décideurs, l’impératif est clair : traiter l’IA comme une priorité stratégique centrale. Mesurez rigoureusement ses retours, repensez les processus autour d’elle et développez des cultures qui la considèrent comme un partenaire de croissance plutôt qu’une menace pour la stabilité.
La révolution de la productivité a déjà commencé. Le seul choix qui reste est de surfer sur la vague — ou d’être dépassé par elle.
Cet article reprend des idées présentées lors d’une récente table ronde CIBC sur le leadership éclairé. Pour accéder à la vidéo complète, visitez notre site web.
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