Franchir ce point de bascule dans la croissance économique des autochtones
Aujourd’hui, les communautés autochtones jouissent d’une occasion économique inégalée, principalement alimentée par deux forces. La première résulte des décaissements et des règlements tant attendus du gouvernement fédéral, et la seconde de la croissance parallèle de l’économie privée autochtone. Les partenaires doivent se préparer, car les besoins des communautés des Premières Nations n’ont jamais été aussi importants et les changements sont rapides. Laissez-moi vous expliquer.
En août, 21 Premières Nations Anishinaabe vivant sur le territoire visé par le Traité Robinson-Huron dans le nord de l’Ontario ont obtenu un règlement historique de 10 milliards de dollars, après que la Cour suprême eut statué à l’unanimité que la Couronne avait violé les traités Robinson de 1850. Si vous ne le saviez pas, cette bataille juridique portait sur la « Clause d’augmentation » des traités, laquelle prévoyait que les annuités versées aux communautés augmenteraient en fonction des richesses produites par les terres. Malgré les profits considérables générés par les industries minière, forestière et halieutique du nord de l’Ontario, les communautés n’ont bénéficié que d’une seule augmentation, de 4 $ par personne en 1875, au cours des quelque 150 années qui se sont écoulées jusqu’à aujourd’hui.
Lorsque des règlements comme celui-ci sont conclus, le prochain chapitre de la communauté commence. Enfin, les Premières Nations possèdent le capital nécessaire pour investir massivement dans de nouvelles occasions, dans le bien-être communautaire et dans le développement économique local, et ce, dans certains cas, pour la première fois. S’il est géré avec soin, un règlement ouvre des portes aux membres de la bande et assure le bien-être des générations futures.
D’ores et déjà, alors que ces règlements et d’autres remédient à des préjudices historiques, l’économie autochtone privée est en plein essor. Carol Anne Hilton, fondatrice et chef de la direction de l’Indigenomics Institute, soutient l’idée qu’avec les bons investissements et la bonne croissance, l’économie autochtone pourrait passer des 50 milliards de dollars actuels à plus de 100 milliards de dollars (en anglais seulement). L’atteinte de ce chiffre signifierait que, pour la première fois, les peuples autochtones seraient représentés équitablement dans l’économie canadienne.
Comme vous pouvez le constater, nous vivons un moment important. Il s’agit d’un élément important de la réconciliation, tant pour le Canada que pour des institutions comme la mienne. La clé, selon moi, réside dans les relations. J’entends par là le type de partenariats qui réunissent différents types d’expertise.
Lorsque je donne des conseils sur la façon de travailler avec les communautés autochtones, la première chose que je dis est qu’il faut s’investir pleinement dans la relation, et ce à long terme. Il ne s’agit pas d’une simple transaction. Cela signifie qu’il faut placer les intérêts des clients autochtones à l’avant-plan et soutenir leur objectif d’autonomie économique en leur offrant une expertise, des partenariats et en transmettant des connaissances aux dirigeants et aux membres des communautés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des réserves. Il peut s’agir d’opérations de financement, mais aussi d’ateliers sur la littératie financière organisés par la CIBC à l’intention des clients autochtones, de bourses d’études et de stages pour les jeunes autochtones, ou encore de programmes de formation du personnel appartenant aux Premières Nations afin qu’il dispose des outils nécessaires pour aider ses clients.
Il est difficile d’exagérer l’ampleur des enjeux et l’importance pour nous de réussir à franchir ce point de bascule dans la croissance économique des autochtones. Les règlements gouvernementaux sont des ententes ponctuelles. Il est essentiel de veiller à ce qu’ils profitent à leurs communautés et aux futurs enfants nés dans ces nations. Nous n’aurons pas de seconde chance pour bien faire les choses.