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Cultiver la croissance : L’impératif économique de l’expansion des fermes en période d’incertitude

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Si le vieux dicton selon lequel plus c’est grand mieux c’est n’est pas toujours vrai, c’est peut-être parce qu’on parle de façons de faire croître le secteur agricole et de livrer concurrence partout dans le monde. Bien que les petites fermes aient toujours un rôle à jouer dans le contexte économique canadien, la compétitivité mondiale à long terme du secteur agricole canadien semble de plus en plus liée à la croissance et à l’expansion.

En effet, cette transformation devient urgente en période d’incertitude économique, amplifiée par la menace continue des tarifs. C’est donc une bonne chose que la transformation soit bien amorcée. Les données montrent que le nombre de fermes au Canada diminue, tandis que la taille de chaque exploitation augmente.

Selon le Recensement de l’agriculture du Canada de 2021, on comptait près de 190 000 fermes, en baisse par rapport à 247 000 en 2001. En 1941, on comptait 733 000 fermes au Canada. Les fermes sont de plus en plus grandes et évoluées, et leur capitalisation illustre bien ces tendances. En 2001, le capital moyen par ferme était de près de 800 000 $. En 2021, il s’est établi à 3,6 millions de dollars, ce qui donne une croissance annuelle de 7,9 % pour la période et dépasse de loin le taux d’inflation annuel moyen de 1,8 % sur deux décennies.

Pour ce qui est de l’agriculture en pourcentage du PIB du Canada, le taux est demeuré essentiellement stable au cours des 27 dernières années, avec une certaine variation depuis 1997, où il était d’environ 1,3 %. Il est maintenant d’environ 1,4 %.

Les avantages de l’expansion

La croissance du secteur agricole peut être alimentée par de nombreux facteurs, notamment les économies d’échelle. Les grandes fermes peuvent exercer leurs activités à un coût moyen inférieur à celui des petites fermes, ce qui leur donne un avantage sur les marchés agricoles mondiaux, qui sont de plus en plus concurrentiels. Bien que les petites exploitations agricoles puissent être saines et prospères, la compétitivité à long terme passe en réalité par la croissance ou la consolidation, qui consolide la force de l’entreprise, même dans un contexte géopolitique difficile. Cette croissance peut se produire de nombreuses façons, notamment par l’acquisition ou la location de terres supplémentaires, l’achat d’autres entreprises au sein de la chaîne d’approvisionnement ou la diversification des activités.

Lorsque les grands-parents d’Aaron Elskamp ont immigré au Canada en 1959 avec leur fils d’un an (son père), leur famille pratiquait l’agriculture en Allemagne depuis des générations. Ils se sont établis au Manitoba, ont acheté un quart de section de terre et ont repris une ferme abandonnée dans la région de Woodlands au nord-ouest de Winnipeg. Leurs huit premières vaches laitières ont rapidement suivi et la ferme Elskamp, qui couvre aujourd’hui 17 000 acres et possède un parc d’engraissement et une entreprise de graines pour oiseaux, a été fondée.

Au fil des ans, les membres de la famille ont reconnu les avantages de l’expansion. Ils ont d’abord fait croître leur troupeau de traite et se sont également lancés dans l’élevage de bovins; ils ont acquis plus de terres pour faire pousser des cultures; et, lorsque leurs activités de culture de graines de tournesol ont ouvert la porte aux graines pour oiseaux, ils ont construit une usine de lavage des semences et acheté une entreprise locale d’emballage et de distribution, consolidant ainsi leur contrôle de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Selon M. Elskamp, « chaque jour apporte son lot de difficultés, que vous soyez ou non en pleine expansion. Même en restant immobile et en stagnant, il y aura toujours des difficultés. Vous ne vous en rendrez compte que dans dix ans, lorsque vous serez complètement sorti du marché et que vous n’aurez plus les moyens de vous payer quoi que ce soit parce que le monde entier vous aura échappé. »

Cet engagement envers la croissance a également donné lieu à des changements déterminants. Par exemple, en 2018, la famille a vendu le troupeau laitier, alors que M. Elskamp et son frère constataient la consolidation dans le secteur laitier, la réduction des marges et l’augmentation des dépenses en immobilisations requises, et ont utilisé cet argent pour acheter et louer plus de terrains, qui totalisent maintenant environ 17 000 acres.

Selon lui, ces changements ont donné lieu à un certain nombre d’avantages, notamment à une gestion optimale de la trésorerie. En contrôlant la chaîne d’approvisionnement en graines pour oiseaux, par exemple, la ferme ne paie pas quelqu’un d’autre pour laver, emballer et distribuer le produit. Ce sont les employés d’Elskamp qui s’en chargent, avec un total de plus de 60 personnes pour tous les aspects de l’exploitation. Cette gestion de la trésorerie a permis aux Elskamp de tirer parti de leur position pour consolider et diversifier leurs activités, sans trop de difficultés.

« Nous faisons aussi croître notre ferme », affirme M. Elskamp, à propos de la consolidation de l’exploitation de l’entreprise de graines pour oiseaux, « mais l’une des choses que j’ai appréciées, c’est que ce n’était pas si difficile pour la trésorerie, car je cultivais et entreposais déjà le grain. Puis j’achetais des graines de tournesol trop petites pour quelques sous, parce que les vendeurs cherchaient à s’en débarrasser. Je pouvais donc vraiment augmenter mes revenus et avoir des marges raisonnables et beaucoup de synergies avec notre propre équipement et nos propres produits. »

Elskamp souligne que « près de 100 % de nos grains et de nos graines pour oiseaux sont à valeur ajoutée, que ce soit par la vente d’un bouvillon ou d’un sac de nourriture pour oiseaux ». Sa ferme produit toujours des marchandises qui sont commercialisées directement vers un silo à céréales. « Mais nous essayons de réaliser cette valeur nous-mêmes quelques fois avant que quelqu’un d’autre ne mette la main dessus. »

Se tenir au courant des pratiques exemplaires et de la technologie

Les grandes exploitations agricoles peuvent souvent cerner et mettre en œuvre les pratiques exemplaires de pointe, que ce soit par l’intermédiaire de leur main-d’œuvre ou en faisant appel à une expertise externe. Il est ainsi plus facile de gérer les risques du marché, d’adopter des biotechnologies plus efficaces, de s’adapter aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux nouveaux ravageurs, et de se conformer à une réglementation de plus en plus complexe.

Les grandes entreprises peuvent embaucher du personnel spécialisé pour des fonctions clés, qu’il s’agisse de gestionnaires pour diverses activités hors ferme, de comptables ou de mécaniciens à l’entretien et à la réparation d’équipement. Les Elskamp ont embauché des gestionnaires pour certaines parties de leurs activités, ce qui non seulement leur permet de tirer parti de l’expertise particulière de ces personnes, mais aussi allège la charge de travail de M. Elskamp et de son frère.

La famille a également eu les moyens et les ressources nécessaires pour tirer parti des programmes d’échange à l’étranger en agriculture au cours des dernières décennies afin d’obtenir de l’aide pendant les saisons d’ensemencement et de récolte, ainsi que du programme des travailleurs étrangers temporaires.

Comme les grandes exploitations agricoles sont mieux placées pour emprunter davantage afin de faire croître leurs activités, de mettre à niveau et d’entretenir leur machinerie et de trouver des solutions novatrices de reconstruction à la suite d’incendies ou d’inondations, elles peuvent se préparer à réussir à long terme. Par exemple, au cours des dernières années, les agriculteurs canadiens ont commencé à utiliser des drones pour pulvériser et arpenter leurs terres, tandis que d’autres agriculteurs utilisent leurs téléphones intelligents pour surveiller leurs terres et leur équipement.

Elskamp souligne en effet que sa ferme a été en mesure de suivre le rythme de la plus récente technologie, tout en reconnaissant que le fait de tirer de l’arrière menace la viabilité de son exploitation. Il cite en exemple les tracteurs à direction automatique, qui étaient facultatifs il y a 15 ans, mais qui sont maintenant la norme dans le secteur. Et comme la machinerie peut devenir obsolète relativement rapidement, M. Elskamp établit un équilibre entre la nécessité de se tenir à jour et le fait que le coût est justifié tant qu’une machinerie particulière peut couvrir une superficie suffisante.

« Ce qui compte le plus, c’est la taille et la capacité de l’équipement, dit-il. Dès qu’il y a quelque chose de plus gros, achetons-le. Maintenant, au lieu d’avoir à acheter deux unités d’ensemencement, vous pouvez faire plus avec une seule unité plus grosse. » Comme le dit M. Elskamp, les fermes qui peuvent réfléchir stratégiquement à leur croissance et profiter des occasions qui se présentent sont prêtes à réussir à long terme.

« L’histoire favorise les audacieux. Alors vous le faites ou vous ne le faites pas, et, si vous le faites, allez-y. »

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Contributeurs

Scott Preston

Vice-président de marché

Groupe Entreprises

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Nick Lea

Directeur relationnel principal, Agriculture

Groupe Entreprises