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Comment pouvons-nous susciter le grand retour du Canada?

4 mars 2025Moteurs de croissance
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Cet article a d’abord paru dans le Globe and Mail.

La menace de tarifs douaniers de notre plus proche allié et plus important partenaire commercial a suscité un regain de patriotisme et a déclenché une discussion nationale sur la nécessité urgente de renforcer notre sécurité économique et notre compétitivité. Mais peu importe la passion avec laquelle les Canadiens peuvent s’entendre sur les objectifs, nous devons prendre des mesures précises si nous voulons saisir ce moment crucial.

Premièrement, nous devons mettre l’accent sur le capital financier et humain, qui est l’élément vital de tout plan visant à construire des infrastructures, à accélérer la croissance et à attirer de nouvelles industries en expansion.

Nous avons besoin de plus de capitaux pour les industries de demain. Notre industrie minière a fait un usage magistral des pour attirer et affecter des capitaux à la découverte et à l’innovation, contribuant ainsi à notre statut de chef de file mondial. Ces actions permettent à une entreprise de transférer certaines dépenses à l’investisseur, qui peut alors demander une déduction d’impôt. Nous devrions envisager sérieusement de reproduire ce succès en utilisant des actions accréditives pour attirer des capitaux de croissance dans des industries comme les soins de santé, la technologie et l’intelligence artificielle.

Et à mesure que nous accélérons nos investissements dans le cadre de nos engagements envers l’OTAN, une structure de financement accréditif nous aiderait également à bâtir une industrie de la défense moderne en sol canadien.

À mesure que ces industries prennent de l’expansion, elles peuvent mieux attirer d’autres investissements de l’extérieur afin d’accélérer le rythme.

Pour ce qui est du capital humain, nous offrons une éducation de calibre mondial, mais nous avons besoin d’incitatifs pour les jeunes talentueux qui ont un diplôme canadien afin de bâtir une carrière ici dans les domaines dont nous avons le plus besoin. Commencez ici, restez ici.

La Nouvelle-Écosse a instauré un programme offrant un remboursement d’impôt provincial sur le revenu sur la première tranche de 50 000 $ gagnée par les nouveaux diplômés dans les métiers spécialisés. Cette politique devrait être élargie au niveau fédéral et étendue à d’autres domaines à forte croissance.

Nous devrions également faire en sorte que les régimes enregistrés d’épargne-études soient des véhicules d’apprentissage continu, afin que les Canadiens de tous âges puissent investir dans la revitalisation de leurs compétences.

Un autre élément clé pour aider les jeunes Canadiens à s’enraciner est l’accès à la propriété. L’exonération des frais d’aménagement et de la TPS pour les acheteurs d’une première maison, ainsi que la réattribution des terres inutilisées appartenant au gouvernement pour la construction de logements, serait un bon début. Il faut ajouter à cela de nouvelles idées, comme la propriété d’actions partagées, pour permettre aux jeunes Canadiens d’accéder plus rapidement au marché de l’habitation.

Ce sont des gains rapides. Ils exigent peu de préparation ou de consultation et génèrent rapidement du capital financier pour la croissance tout en incitant les talents dont nous avons besoin.

Deuxièmement, nous devons créer les conditions propices au succès à l’intérieur de nos frontières. Nous pouvons et devons commencer par éliminer les obstacles au commerce intérieur – un sujet qui a clairement pris de l’ampleur au cours des dernières semaines.

Au-delà de cela, le Canada a été bâti grâce à de grandes réalisations, comme la construction d’un chemin de fer transcontinental traversant l’un des terrains les plus vastes et les plus accidentés de la planète. Nous devons raviver cet esprit d’ambition.

Un pas vers cet objectif consiste à abroger le projet de loi C-69 afin que les évaluations d’impact à l’échelle provinciale soient suffisantes pour faire avancer les projets d’infrastructure. L’accumulation actuelle de décisions est un obstacle au progrès, nous empêche de progresser et nous coûte cher sur le plan économique et sur le plan de notre position dans le monde.

Nous devons aussi célébrer les décisions qui aident notre pays à aller de l’avant, en particulier celles qui touchent les provinces et qui incluent les communautés autochtones, comme l’entente récente entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador sur l’hydroélectricité. Cela change la donne, car cela crée des emplois, assure un coût stable de l’électricité pour de nombreux secteurs et comprend des plans de croissance et d’expansion.

Troisièmement, nous devons montrer au monde extérieur que nous agissons. Le message doit être clair : le Canada est de retour.

Affirmer notre position en tant que producteur de ressources naturelles le plus responsable au monde est un bon point de départ. La création d’une plus grande capacité pipelinière est-ouest permettra d’ouvrir de nouveaux marchés, de diversifier notre économie, d’accroître les revenus nationaux, de créer des emplois bien rémunérés et d’aider à approvisionner le monde en énergie fiable et de source responsable.

Prenons aussi au sérieux le renforcement de notre économie dans le Nord. L’initiative du chemin et du port Grays Bay est un projet d’édification du pays qui montrerait clairement au reste du monde que le Canada veut être concurrentiel et faire de grandes choses. Il relierait le Nunavut aux réseaux routier et ferroviaire nationaux des Territoires du Nord-Ouest. Grays Bay serait un port en eau profonde qui servirait à la fois à transporter nos richesses naturelles vers les marchés mondiaux et à établir une formidable base navale canadienne, contribuant ainsi à nos engagements envers l’OTAN.

De façon plus générale, il reste d’importantes occasions de travailler avec les collectivités autochtones pour créer des partenariats afin de mieux tirer parti de nos ressources naturelles pour une prospérité partagée.

En tant que pays, nous pouvons et nous devons prendre des mesures immédiates pour protéger et accroître notre capital aux fins d’investissement, créer les conditions propices au succès chez nous et montrer au monde que nous sommes un bon investissement à long terme.

Nous accusons un retard depuis trop longtemps. Il est temps de faire en sorte que le Canada reprenne du poil de la bête.

Contributeurs

Victor G. Dodig

Président et chef de la direction

Banque CIBC