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Banque du Canada : La fin de la baisse des taux?

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La Banque du Canada a baissé les taux d’intérêt de 25 points de base comme prévu aujourd’hui, mais a indiqué que cela pourrait marquer la fin des réductions de taux. La baisse d’un quart de point, portant le taux de financement à un jour à 2,25 %, était largement anticipée par les prévisionnistes et les marchés financiers. Cependant, la déclaration accompagnant cette décision précise que le Conseil de direction considère que le nouveau taux directeur est « à peu près au bon niveau » pour maintenir l’inflation à 2 % tout en aidant l’économie à traverser une période de changement structurel, ce qui suggère une volonté d’agir uniquement si les « perspectives changent ».

Concernant ces perspectives, le Rapport sur la politique monétaire publié en parallèle revient à une prévision de scénario central, bien que les risques entourant cette prévision soient évidemment plus élevés que d’habitude et dépendent de l’évolution des négociations commerciales avec les États-Unis. Les prévisions de croissance du PIB sont de 1,2 % cette année, 1,1 % en 2026 et 1,6 % en 2027, sous l’hypothèse que le taux de droits de douane effectif sur les biens canadiens exportés vers les États-Unis est d’environ 6 % (contre environ 4,5 % il y a un trimestre). D’ici la fin de 2026, le niveau du PIB devrait être environ 1,5 % inférieur à celui prévu en janvier, avec environ la moitié de cet écart attribuable à un changement structurel résultant de la perturbation des échanges, et l’autre moitié à une demande plus faible.

Nos propres prévisions de croissance du PIB sont légèrement plus élevées pour 2026 et 2027, bien qu’elles incluent l’hypothèse que certains droits de douane sectoriels (principalement sur l’aluminium) pourront être réduits et que les dépenses fédérales en infrastructures augmenteront. Comme d’habitude, la Banque du Canada n’intègre aux prévisions que les mesures budgétaires déjà déposées, et n’inclut donc aucune hypothèse concernant les futures dépenses en infrastructures et en défense qui feront partie du budget de la semaine prochaine. Par ailleurs, la possible réduction de certains droits de douane sectoriels a simplement été mentionnée dans la section « risques à la hausse » du Rapport sur la politique monétaire.

La Banque du Canada estime actuellement un écart de production négatif compris entre -0,5 % et -1,5 %, ce qui correspond globalement à son évaluation de juillet dernier. La déclaration accompagnant la décision d’aujourd’hui suggère que la capacité excédentaire dans l’économie persistera à court terme et ne sera réduite que progressivement par la suite. Pour juger de l’inflation sous-jacente, et conformément à un discours antérieur du sous-gouverneur Mendes, la Banque examine désormais un éventail plus large d’indicateurs et non plus seulement ses deux mesures « préférées » de l’IPC-Trim et de l’IPC-médiane. Les décideurs examinent également leur ancienne mesure IPC-X, qui exclut les 8 éléments les plus volatils, ainsi qu’une mesure excluant aussi l’alimentation et l’énergie, tout en surveillant la dispersion globale des pressions sur les prix.

Lors de la conférence de presse, lorsqu’on a demandé pourquoi la Banque semblait moins disposée à ajouter de nouveaux stimulants à l’avenir alors que les taux d’intérêt ne font que toucher le bas de la fourchette neutre de 2,25 à 3,25 %, le gouverneur a réitéré que les taux d’intérêt peuvent aider la demande, mais qu’ils ne peuvent pas faire grand-chose pour le changement structurel en cours dans l’économie. Interrogé sur ce qui constituerait un changement des perspectives suffisamment important pour justifier une nouvelle baisse des taux, le gouverneur Macklem a précisé que cela ne viendrait pas d’un seul mois de données, et serait jugé par rapport à la nouvelle prévision de base publiée.

Prévisions économiques — Suite à la baisse d’aujourd’hui, la Banque du Canada semble vouloir se mettre en retrait afin d’évaluer les données à venir, l’impact potentiel du budget fédéral de la semaine prochaine et l’évolution des discussions commerciales. Selon notre scénario de base, où l’économie commence à se redresser progressivement et où un accord commercial est conclu pour réduire certains droits de douane sectoriels et diminuer l’incertitude liée à l’ACEUM, la décision d’aujourd’hui serait la dernière. Cependant, d’autres baisses seraient certainement justifiées si l’économie continue de s’affaiblir et/ou si les perspectives commerciales ne s’améliorent pas.

Marchés — Même si les taux d’intérêt ont été abaissés comme prévu aujourd’hui, les rendements obligataires ont légèrement augmenté après la décision, les marchés financiers ayant réduit la probabilité de nouvelles baisses à l’avenir.

Études économiques CIBC

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Contributeurs

Andrew Grantham

Économiste principal

Marchés des capitaux CIBC